Les petits oublis du film « Indigènes »

indigenes_fichefilm_imagesfilmLe mercredi 20 mai, la chaîne FR3 proposait pour la première fois en clair le film Indigènes, de Rachid Bouchareb avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem et Sami Boujila. Ce film de propagande réalisé en 2006, le fut grâce à un financement du Maroc à hauteur de 70% qui mit aussi généreusement à disposition ses moyens militaires.

Ce film se donne pour mission de valoriser et même de glorifier les troupes coloniales et le rôle qu’elles jouèrent dans la libération de l’occupation allemande. Jusque là, rien à redire.

Dommage toutefois que le film omette totalement de mentionner les exactions et crimes de guerre commises par lesdites troupes. En effet, de nombreux témoignages font état d’innombrables viols, exactions et violences perpétrés par les soldats marocains, algériens, tunisiens et sénégalais constituant ces troupes coloniales. Dans la seule région située au nord de la ligne Gustav, un rapport estime à 3 500 le nombre de femmes et fillettes de 8 à 85 ans violées, sans compter environ 800 hommes sodomisés. Ceux qui s’opposaient au viol de leur femme ou filles étaient immédiatement égorgés. Un rapport anglais confirme tout cela et évoque même l’émasculation d’officiers allemands.

Les tristes exploits de ces « libérateurs » ont d’ailleurs donné lieu, en 1960, à un film, La Ciociara, inspiré du roman du même nom d’Alberto Moravia, avec notamment Jean-Paul Belmondo et Sophia Loren. Le film aborde la question mais d’une façon, époque oblige, qui ne peut rendre véritablement compte des scènes d’horreur vécues par les Italiens.

De plus, ces crimes de guerre ne se limiteront pas à la région du Latium nommée Ciociara mais débuteront dès juillet 1943 en Sicile, puis dans la région de Rome, en Toscane. Rien qu’à l’hôpital de Sienne, vingt-quatre fillettes de douze à quatorze ans furent admises après avoir été sauvagement violées. Partout ce fut l’horreur : à l’Elbe, Marina di Campo, Procchio, Capoliveri, Porto Longone, Portoferraio… comme le confirme un rapport du capitaine d’artillerie Francesco Castelli dont on trouve le témoignage dans le livre La Ciociara.

Pourtant, le silence de l’histoire officielle sur cette page sombre de l’histoire est exemplaire et sans faille. Selon l’historien belge, Pierre Moreau, « jamais ces tragiques évènements ne furent mentionnés dans la littérature historique de la deuxième guerre mondiale : ni dans celle de langue française, ni dans celle de langue hollandaise ou anglaise. »

Le journalise Giovanni Minoli, grâce aux témoignages de nombreuses victimes, pourra reconstituer cet épisode que l’histoire officielle n’a jamais voulu raconter.

Ajoutons que jamais non plus le général Juin qui commandait ces troupes coloniales ne condamna ces crimes de guerre pas plus que ne le fit le colonel de Gaulle qui pendant ce temps continuait à résister héroïquement… derrière le micro de la BBC à Londres.

Arnaud de Brienne

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